La fermeture programmée d’une classe de l’école élémentaire du Mont-Valot à Luxeuil-les-Bains par les services de l’Éducation Nationale, à la rentrée 2023, inquiète actuellement parents, enseignants et élus locaux de notre cité thermale, à juste titre.
Cela s’est traduit, ces derniers jours, par des manifestations devant l’école du Mont-Valot et une action symbolique de cadenassage de l’école par les parents d’élèves, jeudi dernier.
En effet, à l’heure où la réduction des effectifs d’enseignants montre progressivement ses limites dans notre pays, la France reculant régulièrement dans les différents classements internationaux de suivi des acquis des élèves, les nouvelles annonces de fermetures de classes dans notre ville, comme dans tout le département de Haute-Saône, ne sont pas de bon augure.
La diminution du nombre d’enseignants au niveau national provoque irrémédiablement la fermeture de classes dans nos écoles, dès qu’un seuil du nombre d’élèves est franchi à la baisse.
Pour atteindre une ouverture de classe, à l’inverse, le seuil est ensuite beaucoup plus haut et ces fermetures de classes s’inscrivent souvent dans le temps.
Les résultantes de ces fermetures de classes sont l’augmentation mathématique du nombre d’élèves dans les classes restantes des écoles concernées et la création de classes à deux, trois, voire quatre niveaux d’enseignement au sein d’une même classe, comme nous pouvons le voir dans certains territoires voisins.
Dans les deux cas, ces situations ne sont pas acceptables au-delà d’une certaine mesure.
Augmenter les effectifs dans une classe ne peut que réduire l’accompagnement individuel nécessaire de chaque enfant, laissant parfois les plus fragiles au bord du chemin au profit de la progression de l’ensemble du groupe. Cela est d’autant plus vrai que le groupe est grand, que les effectifs de chaque classe sont importants.
A terme, afin de ne perdre aucun enfant en route, la solution de facilité est souvent de baisser le niveau d’attente au niveau des programmes nationaux d’enseignement scolaire au niveau du ministère… aboutissant ainsi à la baisse du niveau scolaire de tous nos enfants, année après année. CQFD.
Créer des classes à deux, trois ou quatre niveaux est, à mon sens, une solution bien pire encore.
D’abord, en termes d’enseignements. Comment permettre aux professeurs de nos écoles élémentaires de travailler sérieusement une thématique, une matière ou un sujet précis s’ils doivent conjuguer avec deux, voire trois ou quatre niveaux scolaires en même temps ? Avec trois ou quatre groupes d’élèves qui font des choses différentes en même temps ?
Si cela peut éventuellement s’entendre pour certaines sections de type CE1/CE2 ou CM1/CM2, où les programmes sont voisins, il ne peut être entendu pour trois ou quatre niveaux aux programmes manifestement différents.
La classe de CP, tout particulièrement, en tant qu’année d’apprentissage de la lecture et de l’écriture, mais aussi des bases des mathématiques, doit absolument être sacralisée. Ce sont les fondements des acquis de nos enfants qui se jouent là.
Ensuite, en termes d’élèves eux-mêmes. Pour des enfants nés en début ou en fin d’année, l’écart d’âge peut parfois atteindre près de quatre ans entre les plus jeunes et les plus âgés au sein d’une même classe à trois niveaux.
Que ce soit en termes de maturité, d’aptitudes ou même de sociabilisation, cela ne peut qu’avoir des effets néfastes et aboutir parfois à des situations problématiques entre enfants, entre groupes d’enfants, les plus anciens n’ayant indéniablement pas les mêmes jeux que les plus jeunes enfants au sein de nos écoles primaires.
Imaginez un enfant né en fin d’année, qui peut potentiellement faire sa rentrée de septembre à l’âge de 5 ans, tout fraichement sorti de sa grande section de maternelle, qui se retrouve dans une classe à trois niveaux CP/CE1/CE2 avec des enfants qui peuvent déjà avoir 8 ans depuis plusieurs mois !
Comment demander à nos enfants de travailler sérieusement à l’école quand les élèves voisins dans la même classe font un travail différent, eux-mêmes voisins d’un autre groupe penché sur une autre tâche scolaire ? Imaginez maintenant la même situation si l’un des groupes fait un travail oral…
Avec cette organisation, ce ne sont pas que quelques élèves qui seront laissés au bord du chemin durant l’année scolaire… mais tout un groupe, qui perdra pied d’année en année. Cela aboutira progressivement à l’abaissement durable du niveau scolaire de tous les enfants de l’école à moyen terme.
Dans ce contexte, pointer de potentielles carences d’éducation des parents, réclamer un cadre familial ferme et exigeant, confondre éducation bienveillante et lacunes éducatives, serait simplement se tromper de débat.
La question n’est pas d’accuser les familles sans même les connaître, mais bien d’accompagner les parents dans les apprentissages de leurs enfants, ce qui est la mission première de l’Éducation Nationale, dans des locaux gérés par les collectivités territoriales, et en premier lieu les communes.
Le vrai sujet est bien de s’opposer à la fermeture de classes dans nos écoles élémentaires, creusets de l’avenir de nos enfants. Ce combat des parents est légitime et il doit être relayé par les élus locaux, sans détour.
Je partage cette inquiétude et, comme lors de la fermeture du collège Mathy, comme lors du regroupement des deux lycées Beauregard et Lumière, je suis opposé à toute régression de l’enseignement scolaire de nos enfants pour des raisons comptables.
Quelles solutions à Luxeuil-les-Bains ?
Luxeuil-les-Bains compte quatre écoles élémentaires publiques (École du Stade, École du Bois de la Dame, École du Boulevard Richet, École du Mont-Valot) et une école élémentaire privée au centre-ville.
Redisons-le, augmenter les effectifs des classes de manière exponentielle n’est pas une bonne solution pour pallier aux fermetures de postes d’enseignants dans nos écoles, pour autant qu’elles se confirment.
Regrouper plusieurs niveaux d’enseignement par classe n’est pas une solution non plus, loin de là. Ces regroupements de niveaux aboutiront indéniablement au même résultat de baisse du niveau scolaire de nos enfants.
Chaque école de Luxeuil-les-Bains compte un certain nombre d’élèves par niveau, parfois insuffisant en effectif pour maintenir la classe sans regroupement de plusieurs niveaux.
Le regroupement des élèves d’un même niveau dans une même école pourrait être un moyen d’éviter les classes à plusieurs niveaux, en portant les effectifs à un niveau suffisant pour créer des classes à niveau unique, notamment pour les plus jeunes élèves (prioritairement en CP).
La volonté de maintien d’écoles de proximité qui a guidé le maillage harmonieux de quatre écoles élémentaires rénovées, situées chacune dans un secteur géographique de Luxeuil-les-Bains, ne peut s’imposer au-dessus de la qualité des apprentissages de nos enfants.
La mise en place d’une navette de transport scolaire par la Ville de Luxeuil-les-Bains entre les différentes écoles, comme celle qui les conduit au restaurant scolaire pour le déjeuner, pourrait conduire les enfants ainsi délocalisés dans l’école où se situe leur niveau de classe.
Une nouvelle fois, face aux décisions incompréhensibles de l’État auxquelles ils s’opposent pourtant avec force, les élus des collectivités territoriales doivent prendre les décisions d’intérêt général pour l’avenir de nos enfants.
C’est à l’école que tout se joue.
Face à un endettement conséquent, à la baisse massive des dotations, à des transferts de compétences non compensés, à la hausse inéluctable des charges de fonctionnement, beaucoup de collectivités locales n’ont souvent pas d’autre choix que d’avoir recours à la hausse de la fiscalité.
Depuis 2008, à Luxeuil-les-Bains, une autre méthode a été choisie : la gestion sérieuse et maîtrisée de la dépense publique, la recherche systématique d’économies, comme chacun le fait dans son propre foyer, pour désendetter la Ville et ouvrir de nouvelles perspectives d’investissements, sans hausse d’impôts.
Au Conseil régional de Bourgogne – Franche Comté, après la hausse de 20 % des indemnités des élus dès le début du mandat, voici la seconde phase des bonnes vieilles habitudes socialistes qui revient au galop : l’augmentation de la fiscalité, sur le dos des contribuables franc-comtois !
Malgré toutes les belles promesses électorales de campagne de la candidate socialiste et le dommage collatéral considérable que cette fiscalité va représenter pour l’économie automobile franc-comtoise, les francs-comtois doivent s’apprêter à subir une hausse de 41,67 % de leur taxe sur les cartes grises.